d- Rituels alévis
1- Rituels alévis
2- Les livres de rituel
3- La structure par “Ocak” (Foyer)
4- Les dignitaires religieux
5- Les cérémonies religieuses de “Cem”
1- Rituels alévis
La non-conformité des rites alévis par rapport à l’islam sunnite et chiite est évidente:
– On ne naît pas alévi ou bektachi même si on est d’une famille alévite. L’aspirant doit être sympathisant (Mühip), puis candidat (Talip).
– Il doit suivre une formation initiale avec un Guide (Mürsit) qui un Dede ou un Baba (chef religieux selon les ordres). Ce n’est qu’après ce rite d’apprentissage qu’on devient membre entier de la confrérie après avoir fait un serment: l’abandon de soi est l‘Ikrar (Ali Imran ayet 81). Il n’y a pas de retour sur le serment. «Meurs, ne prête pas serment / Meurs, ne revient pas sur ton serment».
– Il doit choisir un «frère d’au-delà» (Musahip), un co-responsable à vie devant la communauté de ses actes concrétisant la solidarité et l’esprit de partage. Il doit enfin devenir membre de la communauté. Mais traditionnellement il doit être marié et c’est le couple qui est vraiment un membre entier de la communauté avec ses «frères/sœurs d’Au-delà» respectifs (un autre couple). Une fois devenus membres, ceux qui le veulent et le peuvent continuent leur formation.
– L’homme doit passer par diverses étapes spirituelles pour être l’Homme Accompli. Les diverses étapes de cet enseignement sont les «Quatre Portes (Seuils) et Quarante Postes». Cet enseignement se base sur un vision ésotérique du Coran (sans sa lecture et son apprentissage par cœur en arabe).
– Il n’y a pas de mosquée avec un minaret chez les alévis. Jadis on se réunissait pour les djém «Cem», les réunions religieuses alévies, dans une des maisons les plus grandes du village qu’on désignait selon les circonstances mais souvent dans la maison du chef religieux (appelé selon les confréries Dede ou Baba «Ancêtre ou Père» ou bien d’un Sofu déléguer par le Dede ou Baba), à l’image du premier lieu de réunion islamique construit à Médine par Muhammed, le Masjid-i Nebevi. Le «Cemevi» (maison de djém) est un lieu sans aucun signe distinctif apparent (les persécutions et la clandestinité obligent) mais avec un foyer pour faire le feu symbolique, avec au plafond un trou de sept couche représentant les sept couches du ciel, au seuil de la porte d’entée un endroit ou, selon la configuration architecturale, un pilier central pour embrasser (signe du sacralité du lieu «niyaz»). Aujourd’hui on construit spécialement des locaux («Cemevi» Maison de Cem) destinés à des réunions religieuses et à d’autres activités culturelles ou communautaires.
– Pendant les prières on ne s’oriente pas vers la Mecque et Kaâba: «Notre Kaâba est l’homme» et on se met en rond pour regarder les autres en face.
– Les hommes et les femmes prient ensemble.
– Il n’y a pas de prière cinq fois par jour, ni d’appel du muezzin.
– Les alévis observent des brefs jeûne allant de 3 à 12 jours à divers moments de l’année. Par exemple au mois de Muharram un jeûne de 10 à12 jours pour commémorer les derniers jours assoiffés dans le désert de l’imam Hüseyin avant son assassinat à Kerbela.
– Ils ne font pas non plus de pèlerinage à La Mecque. Ils le remplacent par des services rendus aux pauvres.
– La société alévite pratique l’égalité entre homme et femme; ils prient cote à cote et dansent ensemble le semah;
– La monogamie est la règle;
– Le divorce est possible uniquement par consentement mutuel. Un homme divorcé ne peut se remarier qu’après le remariage de son ex-épouse.
– Le rituel des morts est totalement différents de celui des sunnites et chiites.
2– Les livres de rituel
Il existe quelques écrits anciens, d’authenticité discutable, aux sujets des principes généraux et des rites dont certaines sont utilisés comme référence : «Makalât» attribué à Bektas Veli et «Buyruk» attribué au 6e imam, Jafar-us Sadik et celui de Cheik Safi d’Ardabil dite «le petit Buyruk.». Bien entendu il existe aussi quelque livres de rituel «Erkânname».
«Makalât» est un petit traité sur la pensé religieuse bektachi en général et plus spécialement sur l’enseignement des «Quatre Portes et Quarante Postes». Probablement écrit un peu moins d’un siècle après la mort de Bektas Veli et en arabe.
Certains ordres prennent pour référence dans leurs rituels «Buyruk» (Commandement) attribué au 6e imam Jafar-üs Sadik (699-765). Le plus ancien des multiples versions qu’on a pu trouver date de 1480. Plus que probablement, à l’origine, c’est à l’école (tekké) de Ardabil par les successeurs du cheik Safi al Din qu’il a était rédigé. C’est une synthèse du courant chiite venant de Damas, de Bagdad, de Tabriz et le courant venant d’Asie central, de Boukhara, de Samarkand et allant vers Anatolie, Thrace et Macédoine.
Plus que probablement «Buyruk» et «Makalât» aussi, ont été des tentatives de mettre en écrits la théorie et la pratique de l’alévité dans le but d’uniformiser et de figer une croyance sujet à l’atomisation et ceci avec une espèce de «mis sous une voile ou un enveloppe» vocabulaire (cette façon de faire, le «Takiyye» qu’on peut traduire par «ne pas laisser apparaître» ou «cacher le but» est un stratégie ou un mécanisme d’autodéfense en islam) pour ne pas trop heurter la religion officielle. Donc tous les deux nécessitent une lecture critique pour écarter ces scories et une recherche historique et religieuse minutieuse.
C’est le contenu des rites actuels, l’analyse des prières et des chants parvenus jusqu’à aujourd’hui oralement mais néanmoins peu modifié qui nous enseigne beaucoup plus sur la théologie alévite. Les poêmes-chants de Nesimî (1339-1418?) de Yunus Emre (1241-1319?), de Pîr Sultan Abdal (autour de 1500) et de Hatayî (1487-1524) utilisés actuellement dans des «djém» sont des véritables condensés théologiques.
3- La structure par “Ocak” (Foyer)
4- Les dignitaires religieux
5– Les cérémonies religieuses de “Cem”